Joukov by Lopez Jean & Otkhmezuri Lasha

Joukov by Lopez Jean & Otkhmezuri Lasha

Auteur:Lopez Jean & Otkhmezuri Lasha [Lopez, Jean ]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin
Publié: 2013-06-15T00:00:00+00:00


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Face à la mégalomanie de Staline

janvier-juillet 1942

Le 5 janvier 1942, Joukov passe la journée à son QG de Perkhouchkovo. Une multitude de problèmes l’assaillent. Le groupe Belov est arrêté faute de munitions, deux de ses armées sont à la peine dans la direction de Medyn, la 10e de Golikov cale devant Soukhinitchi. De nouvelles chutes de neige bloquent l’approvisionnement. De tous côtés, ses chefs d’armée demandent des munitions, du pain, de l’essence, de l’antigel. Partout, la contre-offensive marque le pas. En fin d’après-midi, il reçoit une convocation urgente pour assister à une réunion de la Stavka, dont il est membre, rappelons-le, depuis sa création.

Il est nécessaire de s’étendre sur l’objet et l’existence mêmes de cette réunion. Voici ce qu’en dit Joukov : « Après que B. Chapochnikov eut rapidement exposé la situation sur les différents fronts et exposé le projet du plan, J. Staline dit : “Les Allemands sont en plein désarroi du fait de leur défaite dans la région de Moscou, ils sont mal préparés à l’hiver. C’est actuellement le meilleur moment pour passer à l’offensive générale.” » Suit un exposé des différentes offensives prévues, de Leningrad à la mer Noire avec le morceau de choix réservé au Front de l’Ouest de Joukov (et aux Fronts adjacents) : encercler le puissant groupe d’armées Centre de Kluge. « Après que le projet eut été présenté, J. Staline proposa aux personnes présentes de formuler leur opinion. » Joukov dit s’être opposé aussitôt à l’idée d’offensive générale. Il se serait en revanche déclaré d’accord pour accumuler les moyens au centre, « sur la direction ouest. Là où l’ennemi n’a pas encore réussi à rétablir la valeur combative de ses unités, il faut continuer l’offensive ». Vers Leningrad et au sud-ouest, ajoute-t-il, les défenses ennemies sont déjà trop fortes. Voznessenski, responsable de la production militaire, aurait abondé dans le sens de Joukov en déclarant : « Actuellement, nous ne disposons pas encore des possibilités matérielles suffisantes pour alimenter une offensive simultanée de tous les Fronts. » Un silence, puis Staline reprend :

« — J’ai parlé avec Timochenko. Il est favorable à une attaque. Il faut rapidement pulvériser les Allemands pour qu’ils ne puissent frapper au printemps.

« Puis il demanda :

« — Quelqu’un a-t-il encore une opinion à formuler ? Il n’y eut pas de réponse.

« — Eh bien ! alors, restons-en là et terminons l’entretien.

« En sortant du cabinet, B. Chapochnikov me dit :

« — Vous avez eu tort de discuter : cette question avait été résolue antérieurement par le commandant suprême.

« — Alors, pourquoi m’a-t-on demandé mon opinion ?

« — Je ne sais pas, je ne sais pas, mon cher !, dit Chapochnikov, et il poussa un profond soupir1. »

Ce témoignage de Joukov est important. Il traite d’une décision qui, après l’aveuglement du 22 juin et le refus d’évacuer Kiev en septembre 1941, constitue la troisième erreur majeure de Staline. L’offensive générale de l’hiver 1942 va en effet coûter des centaines de milliers de pertes à l’Armée rouge sans gain important en retour.



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